Dimanche 21 juillet à 11h00 chapelle du Puy Gros à 1440 m, messe des Bergers suivie du baptême de Maelya.
Article paru dans le journal LA CROIX
Le retour des processions religieuses dans les campagnes de France. Alors que les paroisses rurales sont fragilisées par la pénurie de prêtres, les rogations, pèlerinages et autres pardons semblent connaître un nouveau souffle
Avec ses calvaires fleuris et ses chemins de bocage, le « Petit Tour » de Ceaucé n’est pas, malgré sa consonance avec le jargon du cyclisme, une déclinaison normande de la Grande Boucle. Non, ce tour-là est organisé par les villageois en l’honneur du saint local, l’ermite Ernier qui évangélisa la région au VIe siècle. Dans cette localité de l’Orne d’un millier d’âmes située à la lisière de la Mayenne, à une quinzaine de kilomètres au sud de Domfront, cette procession ancestrale – ses origines demeurent mystérieuses – ne s’est jamais perdue. Mieux : elle connaît un regain de vitalité. Un succès, certes modeste (de 300 à 400 participants), révélateur de la renaissance discrète mais sensible des pardons, rogations et autres bénédictions un peu partout en France. Cet été encore, ces festivités alliant couleur locale et spiritualité fleuriront sur la route des vacances de nombreux Français.
une nouvelle géographie du sacré. Cet engouement est d’autant plus surprenant que bon nombre de ces processions avaient perdu de leur ampleur, selon l’analyse de la sociologue Brigitte Bleuzen qui a examiné le cas breton (1) : « Du XIXe siècle jusqu’aux années 1960, des processions et rogations sacralisent l’espace en dehors de l’église, rappelle cette universitaire. Organisées en l’honneur de la Vierge ou des saints locaux, ces fêtes aidaient à faire face aux intempéries et aux difficultés de la vie. » Depuis la Seconde Guerre mondiale, développe Brigitte Bleuzen, un « mouvement continu et puissant de modernisation, favorisé par la croyance aux vertus du progrès, a entraîné progressivement la désacralisation de l’espace par la quasi-disparition de certaines de ces pratiques religieuses. » Comment expliquer ce renversement de tendance ? Depuis plusieurs années, Brigitte Bleuzen observe la naissance d’une nouvelle « géographie sacrée » qu’elle définit ainsi : « Il s’agit moins d’un retour aux traditions que d’une quête. Faire taire en soi “l’éternelle pulsion parlante” évoquée par Barthes, pour aller vers l’essence d’une vie en connexion avec la beauté d’un patrimoine paysager et architectural. » Cette conscience explique que de telles traditions retrouvent un second souffle, à l’image des rogations d’Indre-et-Loire : si le phénomène n’est pas nouveau à proprement parler, le P. Xavier Malle, curé de L’Île-Bouchard, constate qu’il répond à des attentes concrètes. Chaque année, une cinquantaine de paroissiens s’associent à ces rogations pendant trois jours. Certains apportent de la terre de leurs champs ou de leur jardin pour la faire bénir. « L’année dernière, explique le P. Malle, les paroisses de Saint-Épain, de L’Île-Bouchard et de Saint-Vincent-de-Paul se sont réunies pour une procession commune. »
À Pailherols, dans le Cantal,
Marcel Clermont anime, avec son groupe folklorique, une « messe des bergers » « qui attire de 200 à 300 participants chaque 21 juillet depuis cinq ans. Souvenir des transhumances d’antan, lorsque les prêtres montaient célébrer l’office dans les chapelles isolées, cette messe est chantée en patois et en occitan » : « Nous nous rassemblons autour de la volonté de sauvegarder notre patrimoine », explique-t-il, évoquant aussi le cas de ces randonneurs qui échouent par hasard parmi l’assistance et se laissent saisir par « la magie d’une messe de montagne ». Dans ces rassemblements, on retrouve souvent des citadins de passage, en quête de ressourcement. Brigitte Bleuzen souligne en effet que « le monde rural n’est plus le seul fait des ruraux. Les urbains se disent de plus en plus concernés par ces espaces tant d’un point de vue environnemental, patrimonial que d’un espace à vivre ».
Le retour des processions religieuses dans les campagnes de France. Alors que les paroisses rurales sont fragilisées par la pénurie de prêtres, les rogations, pèlerinages et autres pardons semblent connaître un nouveau souffle.
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