Journée dédicace avec Pierre.LADONNE III à St MARTIN Sous VIGOUROUX le 4 juillet 2010
Les ladonne, quatre générations de musiciens
La famille Ladonne est issue de Saint-Martin-sous-Vigouroux. Sur cette commune, dans la Maison de la Tour, leur ancêtre Pierre Ladonne se plaisait déjà à jouer de
la cabrette, Le don s’est transmis de père en fils, sur quatre générations,
Dimanche 4 juillet 2010, à Saint-Martin-sous-Vigouroux, l’Agence des Musiques des Territoires d’Auvergne (AMTA) lançait un ouvrage qui fera date dans le monde de la musique traditionnelle auvergnate, notamment dans le monde des joueurs de cabrette.
En effet, avec le soutien de la Communauté de communes du Pays de Pierrefort, du Conseil régional d’Auvergne, du Conseil général du Cantal, des communes aveyronnaises de Cantoin et Thérondels, de l’association Cabrettes et cabrettaïres, l’AMTA sort un ouvrage précieux, faisant œuvre de mémoire, sur une famille profondément attachée à ses racines.
Pierre Ladonne, le troisième du nom est né en 1931. Dans son ouvrage, il déroule la vie artistique de quatre joueurs de cabrette : son grand-père, son père, lui-même et son fils.
Outre le fait d’être musiciens de père en fils, les Ladonne sont représentatifs de générations de Cantaliens. Issus du canton de Pierrefort mais également membres de la colonie auvergnate de Paris, ils ont un pied enraciné dans leur pays et un autre planté dans un horizon lointain.
Pierre Ladonne, le troisième du nom, fait partager au lecteur le quotidien d’une famille cantalienne à Paris et le parcours initiatique de musiciens nourris des mélodies des plus grands joueurs de cornemuse de l’époque tels Antoine Bouscatel, Victor Allard… L’élève devenu maître cabrettaïre, transcrit aujourd’hui sur le papier une mémoire qui jusqu’ici n’avait été transmise que de bouche à oreille…
Pierre ladonne l’écrivain
« Pierre Ladonne l’écrivain » tel que l’a désigné Michel Duriol, maire de Saint-Martin-sous-Vigouroux, lors de la journée inaugurale du 4 juillet 2010, a fait œuvre de mémoire en portant par écrit tous les souvenirs qui sont revenus à lui ou qu’il a pu collecter, sur lui, sur son père et sur son grand-père ainsi que sur sa famille.
Il débute ainsi son récit « J’aimerais pouvoir dire que c’est dans cette vallée au pied des monts du Cantal que je suis né. Cela m’aurait donné un petit côté enfant du pays dès le début de mon récit, mais ce serait faux, car comme bon nombre d’auvergnats, je suis né à Paris.
« J’ai donc vu le jour dans le quartier de la Goutte d’Or, non loin du Sacré Cœur. A l’époque les auvergnats représentaient un pourcentage important dans la démographie du quartier et il n’était pas rare d’y entendre les échos joyeux de la langue de chez nous se mêler aux accents gouailleurs des titis parisiens.
« Dans ce coin de Paris mes parents tout jeunes mariés débarquèrent un beau matin avec quelques bagages et l’espoir d’y trouver un mode de vie qu’ils ne pouvaient espérer dans le village qu’ils venaient de quitter. Mon père exerça alors le métier de frotteur, en même temps que celui de cabrettaïre, et ma mère accouchant un an plus tard d’un gros et beau garçon (c’était moi !) devint tout naturellement « mère au foyer […] ».
« Durant ces quelques années mon père commençait à se faire une réputation de cabrettaïre qui le plaçait déjà parmi les meilleurs. Mais dans mon insouciance d’enfant, je ne pouvais me rendre compte de l’importance que ce détail prendrait plus tard dans ma vie. Il fallut donc que s’écoule encore un certain temps avant que je ne ressente un attrait soudain pour la cabrette.
« Quelles furent les raisons de ce brusque intérêt pour l’instrument dont mon père jouait ? Je crois bien que jamais je n’aurais su le dire si un jour, alors que nous évoquions des souvenirs, ma mère ne m’avait dit : T’en sovènes, lo jorn qu’avias pris una cabreta del vielh per t’en servir de cana ? (Tu t’en souviens le jour où tu avais pris une cabrette du « vieux » pour t’en servir de canne?)
« Il y a parfois des souvenirs que l’on pourrait croire à jamais effacés et qu’un simple déclic ramène au premier plan. Ma mère avait prononcé une phrase, et voilà que soudain ressurgissait dans ma mémoire toute cette scène de mon enfance. »
Pierre ladonne 1er l’ancêtre commun
Pierre Ladonne, le premier du nom, « le pépé de Saint-Martin », est celui qui transmit la passion de la musique et de la cabrette. Charron et sabotier à Saint-Martin-sous-Vigouroux, Pierre Ladonne Ier donna naissance à dix enfants. Ils vécurent dans la Maison de la Tour et l’un de ses dix enfants fut pris du même goût que son père pour la cabrette.
Personne ne sait comment Pierre Ladonne Ier apprit à jouer de cet instrument, il est vrai, très répandu dans ce secteur du sud-est Cantal et du nord-est Aveyron. En revanche, « le pépé » aimait animer les événements festifs, fêtes, bals, mariages… Il lui arrivait même de jouer toute une après-midi dans un village avant de recommencer toute une soirée dans un autre village distant de plusieurs kilomètres, avant de rentrer tard dans la nuit et de reprendre le travail tôt le lendemain matin. Les Cantaliens ont toujours été rudes.
Pierre Ladonne II le musicien parisien
Pierre Ladonne, deuxième du nom est certainement l’un des joueurs les plus réputés. Il émigra à Paris avec sa femme, dans le quartier de la Goutte d’Or puis rue du Croissant dans le IIe arrondissement. Il exerçait le métier de frotteur de parquet et de cabrettaïre.
A l’occasion d’un accident, il se mit à fabriquer des anches de cabrette.
Il devint gardien d’immeuble boulevard du Temple tout en exerçant en parallèle sa passion de musicien, donnant des cours de cabrette, anchant les instruments et bien sûr en animant des soirées.
Il fit la rencontre de maîtres cabrettaïres comme Jean Bonal ou Antoine Bouscatel. Puis Pierre Ladonne II connut les affres de la Seconde Guerre mondiale et fut fait prisonnier en Allemagne.
Né à Paris, Pierre Ladonne le troisième du nom revenait souvent au pays à la ferme de Barrés. Il passa une partie de son enfance auprès de ses grands-parents maternels, notamment durant la captivité de son père lors de la Seconde Guerre mondiale.
Lui-même deviendra un joueur de cabrette émérite et transmettra son savoir à ses élèves et à Pascal son fils, qui continue la tradition familiale.
A travers son ouvrage, Pierre Ladonne III donne un récit émouvant, gorgé d’instants de vie, d’anecdotes et qui parlent directement au cœur de tout Cantalien. À lire absolument.
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Ce livre (25€) est publié par l’Agence des Musiques des Territoires d’Auvergne, il est accompagné d’un CD 24 titres ainsi que d’une vingtaine de partitions, les morceaux préférés des musiciens cités dans le récit. S.B
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